Décryptage des enjeux et perspectives socio-économiques dans le déploiement de la technologie 5G dans les pays sous-développés (l’étude est basée selon les structures technologiques haïtiennes)

 


Les premières pensées et informations écrites sur la possible mise en place d’un réseau d’ordinateurs décrivant les interactions sociales ont été rendues possibles par le biais d’un ensemble de memos de J.C.R Licklider du MIT en août 1962 (Barry, 1999). Les idées de ce dernier et celles de Leonard, grâce à des documents publiés en juillet 1964, ont permis de voir plus clairement en instaurant une structure appelée DARPA pour développer le concept de réseau informatique et mis rapidement en place le plan pour le réseau ARPANET. L’internet que nous connaissons aujourd’hui est l’ancêtre de l’ARPANET, sans lequel il serait impossible d’interagir socialement. Au premier abord, soit avant 1969, ce sont des technologies qui ont été érigées pour l’armée et les grandes entreprises mais celles-ci furent ensuite accessibles à la masse. Jusque-là, on avait connu quatre (4) grandes générations pour le partage des données et chacune, d’une manière ou d’une autre, a apporté sa contribution dans l’épanouissement de ce monde en dépit des déroulements hostiles dans les premières années de développement. Depuis 2019, la technologie de la 5e génération a commencé à prendre de l’extension dans des grands sites de recherche et c’est à partir de 2020 qu’elle commence à être vraiment utilisée dans des grands pays comme la Chine, la Russie et les États-Unis (Numeric Heath, 2021). Les débats autour du déploiement de cette technologie sont sujets à de nombreux conflits géopolitiques et les impacts se font déjà sentir ; De même, dans les pays pauvres ou en développement comme Haïti, l’antagonisme est à considérer à un certain niveau comme les éventuelles influences de la technologie 5G sur les initiateurs, les prétendants utilisateurs. Les portées économiques et sociales feront l’objet de cette recherche.

 

La 5G : L’arbre qui cache la forêt : Entre évolution et révolution

La génération 5G, comme son nom l’indique, est celle qui fait suite aux précédentes générations informatiques. La première génération de téléphones mobiles «1G », « téléphones de voiture », vit le jour vers 1980 ; introduits sur le marché par Motorola, ces téléphones fonctionnaient comme des radios et utilisaient des fréquences en mode analogique. Au début des années 1990, les téléphones de deuxième génération « 2G » furent développés avec une évolution vers les réseaux numériques : les débits d’échanges de données pour ces téléphones étaient bien inférieurs à 1000 bits par seconde (bps) mais des améliorations significatives en termes de performance ont été introduites en l’an 2000 « 2,5G ». Peu de temps après, apparut la troisième génération « 3G », et la vitesse de débit de données atteignit 100000 bps ; l’amélioration était considérable, puisqu’il devenait possible de transmettre des appels vidéo limités, et de fournir des connexions Internet à des vitesses raisonnables. Des améliorations furent introduites dans le codage numérique de la communication « 3.5G », vers 2009 ; « 3.9G » en 2012. En 2015, avec la norme suivante dite génération « 4G ». Par ailleurs, une nouvelle technologie de télécommunication a commencé à faire son apparition, celle-ci n’est autre que la 5G. D’un côté, beaucoup d’entreprises technologiques la considèrent comme une technologie révolutionnaire, une technologie qui va transformer la vie quotidienne (DELL, 2021; IBM, 2019).
D’un autre côté, la 5G a été sujet à beaucoup de débats notamment concernant les inquiétudes quant aux problèmes de santé qu’elle pourrait engendrer, les coûts des infrastructures et les mutations économiques et sociales. La 5G n’est pas une technologie mobile comme les autres. C’est un assemblage d’évolutions techniques et d’évolutions d’usages qui prêtent à controverse. Ces évolutions sont en effet présentées dans les discours des promoteurs de la 5G comme des avancées sur les plans technique, économique et sociétal. Tout autrement, elles se chargent d’autres significations lorsqu’elles investissent la scène publique. Ici, elles prennent place dans les débats comme des sources de préoccupation notamment sur les plans environnemental, économique ou encore politique. Les futurs réseaux 5G seront théoriquement capables de transférer 20 gigabits de données par seconde, depuis une station de base jusqu'à un appareil connecté au réseau, et 10 gigabits par seconde dans le sens inverse. Des débits jusqu'à 3 à 4 fois plus rapides que la 4G. Le temps de latence devrait être inférieur à une milliseconde, contre 25 à 40 millisecondes pour la 4G. Les futurs utilisateurs de la 5G dans le grand public pourront télécharger un film en haute définition en deux ou trois secondes.

Implantation de la 5G en Haïti : une mission quasi-impossible et des défis à défaire (ce qu’on ne nous dit pas)

En Haïti, l’organisme de normalisation des télécommunications est la CONATEL (Communication Nationale des Télécommunications). Selon le décret du 20 aout 1987 redéfinissant la mission du Conseil National des Télécommunications et fixant ses attributions en ce qui a trait à la planification, la réglementation et le contrôle des services de télécommunication, il n’est toujours pas écrit un seul document portant sur la disposition des antennes relais des télécommunications selon les attributions de l’organe exécutif du conseil. Cependant l’article 7-b dudit décret stipule clairement : « Élaborer des normes techniques applicables aux équipements de télécommunications conformément aux caractéristiques et standards internationaux ». Pourquoi ne pas élaborer ce document de normalisation, par contre? Jusque-là, Carpentier (2022), dans son document « Analyse de l’impact des technologies générationnelles », a montré clairement que les antennes relais des précédentes technologies ont eu des impacts néfastes sur la santé des gens trop exposés aux ondes électromagnétiques des antennes relais à cause de la puissance de ces technologies. Cependant, la 5G est 10 à 20 fois supérieures et plus puissante que la 4G alors les appareils vont avoir encore plus d’effets sur les consommateurs et ceux qui sont trop exposés.
L’aspect économique est aussi à considérer. Les équipements nécessaires pour l’installation et la maintenance des antennes relais 5G sont dispendieux et selon le degré de proportionnalité émis par la compagnie orange, il aurait fallu une augmentation qui dépasse le quintuple par rapport au prix normal des plans habituels 4G. Si on contextualise ces données par rapport à la population haïtienne, celles-ci seront peux être beaucoup plus onéreux car pour fonctionner, la 5G nécessite donc de déployer de nouvelles antennes et de disposer de nouveaux appareils de réception. Même Si on part du principe de déploiement de cette technologie en Haïti, Selon le rapport du CONATEL (2020), 95% des téléphones intelligents (smartphones) utilisés en Haïti ne sont pas dotés du type de réseau 5G, et des compagnies privées de ventes de plan d’internet sont dépourvus également de cette technologie. En ce sens, il aurait fallu un changement de téléphone possédant cette technologie, et qui dit changement dit également une augmentation de ventes qui sera favorable aux compagnies de téléphones portables.

Conclusion et limite de la recherche

La première limite recensée dans le cadre de cette recherche est le manque d’information ou le faible échantillon pour établir une généralité sur les enjeux de cette technologie dans les pays en développement, que ce soit coté CONATEL ou des compagnies téléphoniques commerciales. Il est difficile, sinon par le fait, de déterminer en toute exhaustivité la quantité d’antennes relais qui existe vraiment sur le territoire national, ou du moins, la distance qui sépare l’un de l’un de l’autre par rapport aux endroits habités. De plus, afin d’évaluer l’impact, plusieurs méthodes d’analyses étaient nécessaires. Dans le but d’avoir des résultats les plus complets et réalistes possibles, les analyses se sont portées sur les infrastructures haïtiennes comme pays sous-développés qui se différents de certains autres pays car les réalités peuvent être divergentes. Chaque nouveauté et changements suscite une excitation d’une part mais beaucoup de questionnements et d’incertitudes d’autre part. Ceci peut être lié à un manque d’informations et au fait que la technologie ne soit pas encore bien installée et expérimentée. Cette recherche a tenté de montrer comment le développement d’une nouvelle technologie de télécommunication comme la 5G, pouvait impacter dans les pays en développement et nous considérons qu’il est important de continuer à étudier la 5G pour identifier de potentiels impacts sur la santé et l’environnement à long terme.


Références bibliographiques

Torcasso, David (2019): Facebook baut in Zürich auf 200 Stellen aus. https://www.handelszeitung.ch/unternehmen/facebook-baut-zurich-auf-200-stellen-aus
Tribune de Genève (2020) : Moratoire fédéral demandé sur la 5G millimétrique. https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandemoratoire-federal-demande-5g-millimetrique/story/27626147

European Commission (2016): 5G for Europe: An Action Plan. https://ec.europa.eu/newsroom/dae/document.cfm?doc_id=17131.

WHO. (2021). Electromagnetic hypersensitivity. https://www.who.int/teams/control-ofneglected-tropical-diseases/yaws/diagnosis-and-treatment/radiation-and-health

Thompson, H. G., & Garbacz, C. (2008). Broadband Impacts on State GDP: Direct and Indirect Impacts. 17

The federal Government. (2017). 5G Strategy for Germany
Thales. Long Term Evolution (LTE)—4G LTE explained. Thales Group. https://www.thalesgroup.com/en/markets/digital-identity-andsecurity/technology/lte

Tomsett, S. (2020). 5G mMTC will be the Business Game Changer for Manufacturing, Healthcare, Transportation, Farming, and Smart Cities.

 

 

Jino LAMOUR, Etudiant en Sciences Informatiques

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