Après une période de vacances et l’adhésion de nouveaux membres, l’association
JEUNE PENSEUR a relancé sa rubrique Savoir+ et Échanges ce vendredi 13 septembre
2024, avec deux heures d’une conférence beaucoup plus animée que d’habitude, portant
sur la consommation excessive de l’alcool et de ses conséquences sur la santé.
En ayant pour objectifs d’expliquer le trajet de l'alcool dans l'organisme
et de sensibiliser la population sur les différents problèmes de santé liés à
sa consommation excessive, l’intervenante du jour, le médecin généraliste Vanessa
JULES, a subdivisé sa présentation comme suit :
Définition et Historicité de l’Alcool
L'alcool est une substance liquide contenant de l’éthanol. Il est fabriqué soit par fermentation de végétaux (Bière, Vin), soit par distillation (Rhum, Cognac, Whisky). L’éthanol es un alcool (CH3-CH2OH). Les boissons alcoolisées contiennent de l’alcool (Éthanol+++, mais peuvent aussi contenir du méthanol ou un mélange des deux). Elle a précisé que personne ne sait exactement qui a découvert l 'alcool, ni celui qui a bu le premier verre, mais les premières traces remontent 10 500 ans avant J.C. On vendait de la bière dans l’ancienne Égypte environ 6 000 ans av J.C, les Grecs et les Égyptiens faisaient le commerce du vin et de la bière environ 3 000 ans av J.C et l’utilisaient à cette période comme médicaments pour soigner ou comme antiseptique pour désinfecter les blessures. Les Français ont commencé à fabriquer du cognac il a 700 ans ; les fabricants de vin ont commencé à utiliser les bouteilles de verre et les bouchons de liège il y a 500 ans ; et il y a 200 ans, on a découvert de nouvelles techniques pour produire à bas prix des alcools de plus en plus forts, elle a fait savoir.
Conditions favorables à la consommation de l’alcool et Statistiques
L’alcool est l’une des drogues licites les plus consommées dans le monde.
Il est disponible partout et accessible quasiment à tous, quel que soit le
niveau socio-économique. Sa consommation
est pratiquée pour de nombreuses raisons, allant de la célébration de grandes
cérémonies jusqu'à celles totalement lugubres. Dans certaines cultures, sa consommation
est vivement encouragée pour diverses raisons. En Haïti, la consommation d’alcool est très répandue et fait partie intégrante du tissu social. On le retrouve lors de diverses cérémonies sociales, qu’il s’agisse de mariages, d’anniversaires ou de communions. L’alcool est omniprésent, touchant toutes les couches de la société, des familles aisées aux familles pauvres, en passant par les différentes catégories professionnelles. S’asseoir autour d’un verre est considéré comme un signe de convivialité et d’intégration sociale.
Une partie de son intervention qu’elle a terminé en posant la question « Cela
sous-entend-il qu'il n'a aucune conséquence sur la santé ? » juste avant de
préciser que, selon l’OMS, 2.6 millions de décès sont attribués à la
consommation de l 'alcool en 2019. Parmi eux 1.6 millions à cause de
pathologies non transmissibles, 700 000 causés par des traumatismes et 300 000
causée par des maladies transmissibles. 400
millions de personnes âgées de 15 ans ou plus présentaient des troubles liés à
la consommation de l 'alcool, 209 millions alcoolodépendants et environ 474 000
décès dus à des maladies cardiovasculaires causées par la consommation d'alcool.
Ajoutant que « c’est là tout l’intérêt de ce choix de sujet pour le public
habitué de la rubrique SAVOIR+ et ÉCHANGES. »
Trajet de l’Alcool dans l’organisme Humain
Elle a indiqué que le corps humain absorbe l’alcool par petite molécules d’Éthanol. Une fois ingéré, l’éthanol passe par l’œsophage, puis l’estomac où environ 20% est absorbé ensuite 80% passe dans le petit intestin pour être absorbé. Arrivé dans le sang, il est diffusé dans les organes les plus vascularisés (cerveau, poumons, foie…). Au niveau du foie, l’éthanol va être métabolisé sous l’action d’enzymes et éliminé à 95% environ, les 5% restants sont éliminés par les urines, l'air expiré ou la sueur. Cette métabolisation se fait en trois étapes au niveau du foie : d’abord, sous l'action de l’ADH, l’éthanol est transformé en acétaldéhyde (toxique++), ensuite sous l’action de l’ALDH, l’acétaldéhyde est transformé en acétate (non toxique) et enfin l’Acétate va être à l’origine de la synthèse d'acide gras ou la production d‘énergie.
Et s’il s’agit
d’une consommation en excès, trois autres voies
peuvent être utilisées lors du trajet de l’alcool dans l’organisme, ce sont le système
microsomial d'oxydation de l‘éthanol (MEOS), la voie des catalases et les radicaux libres.
Classification de la consommation de l’alcool et les facteurs influençant ses effets
Selon la docteure Jules, on classifie la consommation de l’alcool suivant
les risques encourus et suivant la quantité. Selon les risques encourus on
distingue le non-usage ou abstinence (primaire, secondaire), l’usage simple ou
à faible risque, le mésusage qui comprend l’usage à risque, et les troubles liés
à l'usage (usage nocif, syndrome de dépendance etc.). Selon la quantité, on commence
à parler généralement de consommation excessive quand la quantité consommée dépasse
deux (2) verres standards par jour pour une femme et trois (3) verres standards
par jour pour un homme. À noter qu’un verre standard en France est égal à dix (10)
grammes d’éthanol pur et un verre standard au Canada est égal à 13,45 grammes
d’éthanol pur.
Peu importe la quantité, plus l'absorption de l 'alcool se fait rapidement, plus l’alcoolémie augmente, et plus l‘état d’ivresse est atteint beaucoup plus rapidement. Cependant certains facteurs comme le sexe, l'âge, la durée et la fréquence de consommation, la consommation d’autres drogues dans la même période, les pathologies hépatiques… peuvent influencer les effets de l’alcool sur l’organisme humain.
L’alcool et ses effets sur la santé
En considérant la définition de la santé selon l’OMS, qui se définit comme un état de bien-être complet physique, mental et social ; l’alcool a des effets sur le plan physique, mental et social, a dit Vanessa JULES.
Sur le plan physique :
L’alcool peut avoir des effets sur l’appareil digestif, le
système cardio-vasculaire, la grossesse et peut être à l’origine de nombreux
types de cancers.
Le foie est l’un des organes les plus atteints à la suite d’une consommation chronique d’alcool. Elle peut causer des complications comme la cirrhose alcoolique du foie, l’hépatite alcoolique et la stéatose. La consommation d’alcool chronique est la deuxième cause de pancréatite aigüe après la présence de calcul biliaire. Elle est toxique pour les cellules pancréatiques et agit comme un activateur des enzymes pancréatiques et l’inflammation du pancréas. Les maladies cardiovasculaires comme l’Hypertension Artérielle et les Cardiomyopathies Alcooliques sont la deuxième cause de mortalité liée à l’alcool avec environ 9 900 morts par an. À noter que l'alcool n'entraine pas directement l'Hypertention Artérielle, il provoque l’Artériosclérose, qui elle, peut entrainer l'Hypertention Artérielle. La consommation excessive de l’alcool peut aussi provoquer l’AVC (hémorragique++++), les maladies cardiaques ischémiques, les troubles du rythme et la mort subite.
Selon le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’Éthanol
est classé comme cancérigène depuis 1988 et l’Acétaldéhyde est classé
comme cancérigène depuis 2010. L’alcool
et son métabolite l’acétaldéhyde participent à l’augmentation du risque de cancer
du sein, donne du stress oxydatif et perturbe les taux d’œstrogènes. Le cancer colorectal serait dû au
stress oxydatif, qui lui est dû à la consommation excessive de l’éthanol et de son
métabolite d’acétaldéhyde.
En cas d’association avec le tabagisme, la
consommation excessive de l’alcool augmente le risque du cancer de la bouche et
du cancer de la gorge; ce qui est démontré dès la consommation de petite dose sur
des populations asiatiques. Une consommation
excessive de l’alcool après plusieurs années sur un foie cirrhotique peut donner naissance au cancer typique sur le
foie qui est le carcinome hépatocellulaire (HCC). Une augmentation du risque
relatif de développer un cancer de l’estomac a été observée pour des
consommations d’alcool élevées. L’alcool est aussi une substance tératogène qui
peut entrainer l’avortement spontané, des mort-nés, de multiples
malformations, la naissance prématurée, le retard de croissance etc.
Le syndrome d'alcoolisation fœtal est la forme la plus grave, l'ensemble des troubles causées par l’exposition prénatale à l’acool, associant un retard de croissance dans 80% des cas et la dysmorphie
crânio-faciale. Toujours en matière de grossesse, une
consommation excessive de l’alcool peut donner lieu à des malformations congénitales (cardiaques, système
nerveux, squelette) et une atteinte neurocomportementale, comprenant des déficits
cognitifs comme le retard d’acquisition de langage, de lecture, d’écriture, du
calcul avec des problèmes dit « dys- » (dyslexie, dyscalculie
etc.) ; des difficultés de mémorisation, une baisse du QI, des troubles de la
motricité et du tonus etc.
Sur le plan mental :
La consommation excessive de l’alcool peut causer les troubles cognitifs (Marchiafava
Bignami, Syndrome de Korsakoff), la dépression, l’anxiété, la dépendance etc.
Sur le plan socio-comportemental :
La consommation de l’alcool peut donner naissance à des problèmes familiaux,
des problèmes professionnels, le chômage, la stigmatisation, des actes de
violence et autres délits… Elle peut aussi provoquer des Accident de la Voie Publique
(AVP), l’augmentation de rapport sexuel à risque (IST+++), des « trou noir »
etc.
« Selon l’OMS, il n’y a pas de dose d'alcool
inoffensif, donc l'abstinence serait la meilleure option », a souligné haut
et fort la docteure Vanessa JULES. Mais plus généralement, ses conseils sont entre
autres :
×
Ne conduisez
pas si vous avez de l'alcool dans le sang.
×
Si jamais vous
décidez de boire, faites-le avec modération.
×
En cas de
grossesse, il est interdit de boire.
×
Si vous avez
une pathologie hépatique sous-jacente, évitez l 'alcool.
× Si vous prenez des médicaments, évitez de les consommer avec de l'alcool.
Elle a conclu son intervention en disant : « Selon les études, aucune dose d'alcool est inoffensive, sa consommation peut entrainer de multiples problèmes d'ordre physique mental ou social, mettant en jeu le pronostic vital du consommateur et de ses proches. Surveiller sa consommation devrait être une action consciente afin de sauver sa vie et celle de son entourage. »
OMS. (2024). Nouvelles connaissances usuelles sur
l'alcool. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/alcohol
Tochon, L. (2021). Mécanismes de vulnérabilité aux troubles de l’usage
d’alcool induite par un polymorphisme simple du gène codant pour la sous-unité
alpha5 des récepteurs nicotiniques [Phdthesis, Université de Bordeaux]. https://theses.hal.science/tel-03576713
WHO Expert
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Geneva) & World
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Youssef, W. (2023). Prise en charge du sevrage alcoolique. Sciences pharmaceutiques. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04147151
NB: Cet article a été rédigé à partir d'une présentation Powerpoint de la docteure en médecine Vanessa JULES. Il a été ensuite révisé par le docteur en médecine Dregh-rood-Therly AUGUSTIN.