Quelques jours après le quartorzième anniversaire du séisme dévastateur qui a ravagé la capitale d’Haïti, soit dans la soirée du vendredi 19 janvier 2024, JEUNE PENSEUR a donné rendez-vous aux amoureux du savoir, dans le cadre de sa rubrique hebdomadaire dénommée Savoir+ et Échange, pour apprendre et discuter sur un sujet très intéressant : « Haïti construction : Comment se préparer pour affronter les catastrophes naturelles ».
Ce rendez-vous passionnant s’est déroulé en ligne sur la
plateforme Google meet avec comme intervenante Samuella COMPÈRE, ingénieure
civile et PDG de Ti Koze Sou Konstriksyon ; et comme modérateur, moi Robinson
ACHILLE, licencié en psychologie et vice-coordonnateur de l’association JEUNE
PENSEUR. Pendant environ deux heures de temps, une trentaine de participants sont
restés suspendus aux lèvres de l’intervenante qui maitrisait très bien le sujet,
ce qui a donné suite durant et après l’intervention à de vives et intéressantes
discussions occasionnées pour la plupart par des questions pertinentes. Ainsi, Pour qu’on s’en souvienne encore
longtemps et pour rendre service à ceux qui n’était pas présents, JEUNE PENSEUR
vous propose un rapport plutôt succinct sur le déroulement de cet évènement et
surtout sur certains points marquants qui méritent d’être retenus.
La rencontre fut officiellement démarrée vers 20h15.
Après les salutations et les présentations, Ingénieure Samuella COMPÈRE présenta
sans plus tarder le plan de son intervention et précisa qu’il allait beaucoup parler
sur la gestion des risques et des désastres. Ainsi, elle commença son exposé en
présentant l’organigramme du Système National de Gestion des Risques de Désastre
(SNGRD)[i]
en Haïti, ensuite elle présenta un ensemble de professionnels qui sont impliqués
dans la gestion des risques et des désastres. Parmi les professionnels, on peut
citer les géologues, les ingénieurs civils, les ingénieurs des mines, les
géographes, les conseillers en gestion de déchets, les psychologues, etc. Pour enchaîner,
la PDG de Ti Koze Sou Konstriksyon invita les participants à découvrir
ce qu’est la gestion des risques ainsi que la gestion des désastres, mais
avant tout elle fit un détour pour définir et clarifier les concepts de risque
et de désastre.
De façon simple, un risque est la probabilité qu’un
événement indésirable se produise. Et un désastre est la matérialisation d’un
risque, c’est un événement grave qui provoque des dommages, mettant en péril
des vies, des biens, l’environnement, etc. L’intervenante a identifié plusieurs
autres mots ayant un lien avec les risques et les désastres, on peut citer les menaces
(qui peuvent être d’ordre naturelles, socio-culturelle et
anthropiques) ; les vulnérabilités (qui peuvent être
environnementales, socio-culturelles, politiques, etc.) ; la capacité d’un
pays, etc. Ensuite, l’intervenante définit la gestion des risques et des
désastres comme toutes les mesures visant à réduire les risques, à prévenir et
à atténuer les conséquences des désastres, ainsi qu’à la récupération de ce qui
est récupérable et à reconstruire les infrastructures essentielles.
L’ingénieure n’a pas manqué de préciser qu’il y a certaines choses qui sont
irrécupérables après un désastre ou une catastrophe, la vie humaine est le plus
grand exemple. C’est pourquoi une bonne gestion des risques et des désastres
est impérative.
Toujours dans une ambiance sereine et avec un
public assoiffé de savoir, la professionnelle en construction poursuivait son
exposé avec aisance et abordait alors les points concernant la position
géographique d’Haïti ainsi que différents contextes du pays (géologique,
géodynamique, hydroclimatique…) en lien
avec les risques et désastres. Dans cette partie, l’intervenante énumère les
faits suivants : le pays se trouve dans une zone tectonique active
(dominée par 3 grands systèmes de failles)[ii]
pouvant provoquer des séismes à n’importe quel moment ; le pays se trouve aussi
sur la trajectoire des cyclones surtout durant la période de juin à
novembre et Haïti est aussi vulnérable à des aléas anthropiques (causés
par les humains). De façon plus claire et précise, Haïti est un pays vulnérable
à des aléas de toutes sortes : cyclone, inondation, sécheresse, vent violent,
mouvement de terrain, séisme, tsunami, incendie, pénurie, érosion,
déforestation, etc. Et malheureusement, une mauvaise gestion des risques conduit
souvent à des désastres et pire à des catastrophes qui nous mettent toujours
dans un « un éternel recommencement », pour citer les
mots de l’ingénieure.
Après cette partie démontrant différentes
vulnérabilités du pays, l’intervenante fit place aux participants pour une
première série de questions et d’échanges. L’une des questions les plus
marquantes fut : Considérant la négligence des humains envers
l’environnement, est-ce qu’on peut vraiment qualifier les catastrophes de naturelle ?
(Traduction du créole en français). Dans de long échange qu’a eu lieu entre
l’intervenante et les participants, on peut retenir ceux-ci : Une
catastrophe est un événement qui entraine des conséquences graves et qui
peuvent avoir des impacts significatifs sur les communautés en perte de vies
humaines, de perte économique, matérielle, environnementale, etc. Ce sont les
humains qui causent le changement des phénomènes naturelles en catastrophes et
c’est à cause de l’incompétence de l’État haïtien dans la gestion des risques
qui nous maintient toujours dans la gestion des catastrophes.
Après cette première série de questions et de
discussions, l’ingénieure civile de formation revenait pour mettre fin à sa
présentation en abordant un dernier point sur les vulnérabilités que l’État doit
réduire pour affronter les catastrophes les naturelles. Sans plus de détails,
on peut citer ces vulnérabilités suivantes : précarité économique ; forte
concentration démographique dans les zones urbaines (Ce qui occasionne la
dégradation de l’environnement, une bidonvilisation accrue, le chômage, la
pollution, la délinquance et l’insécurité sociale, alimentaire et économique) ;
accès limité aux services de base ; habitat inadapté ; inclusion
sociale et groupes sociaux vulnérables, etc. Toutes ces vulnérabilités et bien
plus encore sont susceptibles d’occasionner des catastrophes qui pourront entraîner
des conséquences considérables. Mademoiselle COMPÈRE a pris des exemples de
certaines personnes qui refusent d’engager des ingénieurs civils pour la
construction de leur habitat ainsi que l’incompétence et la négligence des
mairies dans la supervision des travaux de construction dans leur juridiction. Alors,
pour l’ingénieure, l’État haïtien doit prendre ses responsabilités et aussi des
mesures pour améliorer les conditions de vie de la population ce qui renforcera
sa capacité à se protéger, à répondre ou à se relever face aux désastres. Ainsi
prit fin l’exposé de l’intervenante avec la présence d’un public qui reste
presque stable, malgré l’instabilité des réseaux de fournisseurs d’internet en
Haïti.
Sous la demande du modérateur, le public a montré
son appréciation pour l’exposé de l’ingénieure Samuella COMPÈRE par des
tonnerres d’applaudissements ; des émoticônes positives et des mots de
félicitations ont été aussi envoyés à l’intervenante. Après s’ensuivit de
longues discussions, de questions et de réponses jusqu’à la fin de la rencontre.
Des échanges ont soulevé la problématique des professionnels en construction
dans la gestion des risques et des désastres ; il faut que chacun (maçon,
contremaître, topographe, ingénieur civil et architecte) connaisse et respecte
ses limites dans l’exercice de sa profession. Il faut que les autorités soient beaucoup
plus compétentes et présentes dans leurs fonctions et il faut que la
population, les universitaires, les associations de la société civile prennent
des initiatives concrètes pouvant être utiles dans la gestion des risques et des
désastres. JEUNE PENSEUR et Ti Koze Sou Konstriksyon sont déjà sur la bonne voie.
Enfin, les désastres et les catastrophes sont des
entraves considérables au développement d’Haïti. On est toujours dans un « éternel
recommencement », c’est une expression répéter à plusieurs
reprises par l’intervenante. Elle l’évoque pour expliquer qu’après chaque séisme,
chaque cyclone, chaque inondation… des pertes considérables sont enregistrées
et malheureusement certaines ne sont pas récupérables et d’autres demandent
souvent beaucoup d’efforts et de ressources pour être rétablies, rénovées ou
reconstruites. La destruction du Palais National et beaucoup d’autres grandes
infrastructures dans le pays tardent encore à être reconstruites douze ans
après le séisme du 12 janvier. C’est pourquoi la PDG de Ti Koze Sou
Konstriksyon réitéra les conseils partagés tout au long de son exposé pour
sensibiliser les participants sur la gestion des risques et pour les inviter à
partager avec leur entourage les informations utiles qui ont été divulguées.
Le Coordonnateur de JEUNE PENSEUR, Monsieur Berckson Johnsly JEAN-LOUIS, ayant invité à prendre la parole, a profité de l’occasion pour saluer et féliciter l’intervenante qui a fait du bon travail ainsi que le public pour avoir rendu possible cette dernière sortie de la Rubrique Savoir+ et Échange. Ingénieure Samuella COMPÈRE, dans ses mots de la fin a, entre autres, félicité JEUNE PENSEUR pour cette noble l’initiative et a placé aussi des mots de remerciements pour l’opportunité qui lui a été offerte de partager ses connaissances. Elle encouragea les participants, surtout les jeunes, à s’engager dans des initiatives pour le développement d’Haïti et les invita aussi à soutenir les travaux de Ti Koze Sou Konstriksyon en suivant ses différentes pages sur les réseaux sociaux. Et moi, en tant que modérateur, je repris la parole pour remercier l’intervenante et les participants et je leur dis au revoir et les donna rendez-vous à la semaine prochaine pour une autre sortie de la rubrique, à la même heure, mais avec un intervenant et un sujet différent.
[i] L’organigramme peut être consulté dans un
document à travers ce lien : https://drive.google.com/file/d/1TjsKvQB6BUBTScyy3DhUR63c8SnITFiu/view?usp=sharing
[ii] Ibidem
Très bon reportage Robinson ACHILLE. Merci !
RépondreSupprimerMes félicitations à ingénieur Samuella COMPÈRE. C'était une présentation extraordinaire. BRAVO !!!