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“Une
fille n’est pas supposée déclarer son amour, ceci est un truc de gars, c'est à
eux que revient l'honneur de faire le premier pas.” J'ai été et je reste toujours en désaccord avec ce cliché
qui préoccupe de nombreuses jeunes filles et de femmes, pas seulement en Haïti
où il est fort usité mais aussi ailleurs. À chaque fois que j'entends articulée
une parole de la sorte, je me demande comment une idée si stupide puisse sortir
de la bouche de quelqu'un, encore moins de ses pensées. J'ai déjà réagi et
débattu plusieurs fois sur ce sujet même quand je ne savais pas encore s'il
était autant méchant que stupide. Pardonnez mon impolitesse!
Oui ce cliché est stupide et méchant ! Je
manque peut-être d'arguments mais je suis convaincu qu'on doit pouvoir aisément déclarer sa flamme à celui qu'on aime, peu
importe notre sexe. Pour moi celle-là est la vraie logique et c'est cette
réponse que j'ai donnée la semaine dernière à Landie, une de mes amies qui
souffrait de la douleur que lui a infligée ce cliché.
C'était mardi dernier. Après un cours de
philosophie, moi et mon ami Alexandre nous nous étions rendus à la cafétéria de
l'université pour nous mettre quelque chose sous les dents. Quelques minutes
après que la serveuse nous ait apporté nos commandes; Landie, une autre amie
était arrivée. Nous voyant, elle souriait depuis à la porte d'entrée, elle
avait commandé son plat et nous avait rejoint rapidement à l'endroit où nous
étions assis sur une table au fond de la salle. Plus performante que d'habitude,
c'était elle qui animait nos petites discussions cet après-midi-là. Elle a su
procurer du plaisir au max. Le courant passait tellement que nous avions décidé
d'y rester pour le reste la journée. Heureusement qu'il n'y avait pas d'autres
cours! Nos rires et nos chuchotements avaient dirigé presque tous les regards
en notre direction. J'imagine que c'est parce que tout le monde prenait plaisir
à nous regarder qu’on ne nous ait pas mis à la porte. J'avais l'impression qu'à
cause de nous, les étudiants étaient plus nombreux à venir manger. A un moment
j'avais même pensé que nous donnions un spectacle. Bref ! C'était ainsi que
tout allait à merveille pendant plus de deux heures!
Le calme allait revenir quand Alexandre avait soudainement reçu un appel
lui exigeant de rejoindre en urgence son équipe de tournage. Il nous avait fait
ses adieux et s'était parti en courant. Une fois qu'il avait quitté la table,
Landie se perdait dans l'espace. Elle n'avait plus le contrôle d'elle-même.
Pendant longtemps j'avais attendu en vain qu'elle place même un seul mot.
Bizarre, elle n’avait rien dit! Et là j'avais décidé de lui adresser la parole.
-Qu'est-ce
qui se passe Landie? Tu as l'air troublé depuis qu'Alexandre a pris congé de
nous !
-Puisque
tu as remarqué mon malaise, je vais te l'avouer. J'aime Alex. J'ai craqué pour
lui, il y a déjà plus de cinq mois.
-Ah
je vois, donc tu te sens mal quand il n'est pas près de toi. Qu'est-ce qu'il
t'a répondu quand tu lui as dit que tu l'aimes ? Ta sanble li poko bay ou repons w ap tann lan ?
-C'est
pour ça que je souffre Johnsly. Je ne peux le déclarer parce dans notre société
il est mal perçu qu'une fille blablabla…, tu connais la suite!
-Ah
bon! Tu te fais du mal mon amie, tu devrais lui déclarer ta flamme peu importe.
Tu ne dois pas cacher tes sentiments !
-Je
crois qu'il pourrait bien intéresser à moi, mais il faut que je fasse
attention, je suis une fille qui a peur d'être calomniée.
-Pourquoi
tu laisses ces genres de cliqués t'empêchent de dire à un gars ce que tu
ressens pour lui ?
-Tu
me demandes ça parce tu n'es pas une fille ou juste parce que tu veux mon bien
mais tu ne te rends pas vraiment compte à quel point ça pourrait être délicat
et embarrassant de le lui dire.
-Embarrassant
tu dis ? Je ne comprends pas !
-Oui
! Si ça arrive qu'il ne m'aime pas, la première idée qui va lui passer par la
tête, c'est qu'il doit profiter de moi et me larguer après. Il va sans doute
penser que je suis une mauvaise personne qui cherche un quelconque intérêt. Il
peut aussi raconter à ses pairs que je suis une fille facile. Et s'il m'aime il
n'hésitera pas à s'engager automatiquement avec moi sans prendre du temps pour
tester ma sincérité et ainsi je ne saurai non plus, s'il est sérieux ou pas.
Enfin le gros lot, quand les autres vont apprendre ce qui c'était passé, je
serai mal vue aux yeux de tous. C’est comme si j'avais commis un crime.
-Tu
t'inventes des idées ma chère. Alex n'est pas de ce genre. En plus, tout le
monde devrait s'occuper de ses propres affaires.
-
Il est un type bien, ça j'en suis certaine. Mais il ne peut s'épargner de ces
pensées dont notre société nous inculque.
-Ok Landie ! Je ne suis pas contre ce que tu dis, je connais l'existence ce cliché
stupide mais il n’y a qu’un seul chemin pour t’en tirer. Soit tu continues de
souffrir soit tu lui dis ce que tu ressens. Dayè mwen renmen nou youn pou lòt,
nap fè yon bèl koup epi m ap kontan parenn lè maryaj la !
À cause de
ce tournant (Alexandre n’était plus là, Landie
se sentait troublée), nous avions laissé l’espace plus tôt que prévu. Je me
suis séparé d'elle en lui disant de ne pas oublier qu'on peut aisément déclarer sa flamme à celui qu’on aime, peu importe
notre sexe.
Combien y a-t-il d'autres Landie? Combien d'autres Landie qui en
souffrent? Combien d'Alex que des filles ont peur de déclarer? Quand va-t-on
finir avec ce cliché? Je sais que la tradition pèse lourd dans notre société et
qu'ils sont nombreux, ceux qui en subissent les conséquences, répétai-je
souvent. Mais après cette conversation, j'ai réalisé que la situation est
beaucoup plus grave que je le pensais. Ce qui m'avait poussé à questionner
d'autres personnes sur le sujet. Rares sont les filles qui ont répondu qu'elles
le feraient sans problème. Et leur raisons restaient inchangées : “J'ai peur qu'on me dise ceci, j'ai peur
qu'on me dise cela, les gars sont drôles en ce sens, je ne pourrai pas
supporter les calomnies de mon entourage. S’il ne m’aime pas, il va quand même
profiter de moi, il va le raconter à tous ces amis et ils me prendront pour une
fille facile.” Ne voyez-vous pas que c'est vraiment stupide? Comprennez-vous
comment c'est dur pour le genre féminin?
Du coté des gars je n’ai pas trouvé un seul qui réagirait comme il devrait.
Je ne sais pas si c’est moi qui avais choisi les mauvais, mais ils ont tous répondu
par le même slogan : les occasions perdues sont mal à retrouver. “Je ne vais pas laisser qu’on me prenne
pour un "jòma" ou
qu’on me haïsse. Une fille qui me déclare, c’est une obligation que j’ai de lui
donner ce qu’elle me demande.”
Alors mon intention à travers ce texte est claire. J'ai écrit ces mots
pour demander à notre société, pour demander aux gars, pour vous demander de
donner aux filles leur liberté. Permettez-les d'exprimer ce qu'elles
ressentent. Ne leur jugez pas pour leurs amours. Les sentiments peuvent
manifester de la même manière chez chacun; donc ni la femme, ni l'homme peuvent
tomber amoureux en premier. Nous avons tous les deux un cœur et c'est la même
couleur du sang qui circule dans nos veines. Messieurs ne vous sentez pas
obligés de sortir avec une fille qui vous a déclaré, si vous ne l’aimez pas. Vous
ne devez pas être des garçons faciles, soyez réticents comme elles en ont
l’habitude. Vous aussi les filles, cessez d'être coincées, sortez de votre
silence, cessez de causer votre propre souffrance. Cessez de laisser cette
tradition vous dicter ses lois stupides, vous pouvez la changer. Qui aurait dit
qu’un jour les enfants pourraient choisir
eux-mêmes leurs partenaires de vie ? “Bebe
ki kriye se li ki bezwen bibon.” Si on ne vous accorde pas cette liberté de
déclarer votre amour, prenez-la par vous-mêmes, soyez galantes! Travaillez vos
mots! SOYEZ JÈNJÀN !
Une
dernière chose ! En ce moment-là Landie essaie de conquérir le cœur d'Alexandre
suivant mes conseils alors que moi je suis encore célibataire. Sa nou ap tann toujou pou nou rive sou mwen mèdam ?
Catégorie :
Amour
Félicitations Berckson Johnsly Jean-Louis
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerFélicitations JLBJ
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