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Jose revenait de l'école. Pour une fois, il se sentait
bien dans la camionnette qui le transportait car il n'y avait pas beaucoup de
passagers. Le chauffeur faisait tourner une musique de Smart Lee intitulée
"cool." Jose tapota son index sur son sac à dos posé sur ses cuisses
au rythme de la musique. La note était agréable et c'était l'une de ses
musiques préférées. Il était très fatigué certes mais la musique lui permettait
un peu de se détendre. Surtout après avoir passé environ trois heures à
travailler seulement les maths, il était devenu accablé. De plus, il n'aimait
pas trop cette matière. Son importance n'était pas beaucoup nécessaire car il
ne voyait jamais écrire sur un panneau de publicité: " ici, logarithme ou
limite" de quoi que ce soit!
Arrivé à sa destination, il paya et le
"travayè" lui remit sa monnaie en ôtant les seules cinq gourdes qui
lui restaient. Jose le regarda d'un air moqueur mais ne dit rien. Il avait
souvent entendu dire que ces types étaient des escrocs, ce jour-là il a eu la
preuve parfaite.
Il déposa son sac, pria le bon Dieu pour la journée
passée en bien et se débarrassa de son uniforme. Il se demandait souvent
pourquoi a-t-il l'impression que son uniforme est beaucoup plus lourd à porter
que les autres habits? Cette question était banale et restait sans suite, sans
réponse.
L'horloge accrochée au mur sonna 16 heures. Il sentit la
faim subitement lui tenir l'estomac et alla regarder s'il y avait quelque chose
sur la table de la salle à manger. Il y trouva seulement un sandwich qu'il
dévora rapidement. Mais que pouvait faire un sandwich pour quelqu'un qui avait
une faim de loup, qui était revenu de l'école et qui venait de faire des
travaux intellectuels? Il ne s'était pas remis de ses forces. Il alla vérifier
dans le réfrigérateur, un peu usagé et rouillé par endroits, de l'eau gisait un
peu autour sur le grand morceau de planche qui servait de support. Non
seulement il n'y avait pas de nourriture à l'intérieur et pas d'eau à l'exception
de deux bouteilles de jus dénommées "frutop". Il les toucha du revers
de la main, elles n’étaient pas fraîches. « Hum, voyons ! »
s'exclama Jose ; « il n'y avait pas eu d'électricité. »
conclut-il en fermant nerveusement la portière du réfrigérateur. D'habitude,
il aurait dû avoir de l'électricité dans la maison aux environs de 8
heures jusqu'à midi mais ce jour-là les choses ont changé leur fusil d'épaule.
On dirait peut être que c'était un jour de congé pour les employés de
l'Électricité d'Haïti (EDH); ce qui pouvait angoisser normalement n'importe
qui.
Jose regagna avec dédain sa chambre, marchant à pas
lents. Sur le seuil, il a remarqué avec étonnement qu'il n'avait pas rangé son
uniforme dans le placard. Il secoua la tête de droite à gauche et se dit: « Mais
où est passé maman? Pourquoi ne m'a-t-elle pas prévenu de sa sortie?
Enfin! » Jose vivait seul avec sa mère.
Son père était mort deux ans après sa naissance dans un accident de
motocyclette où un "chawa" l'avait croisé en pleine rue pendant qu'il
la sillonnait en quête de clients car il était un chauffeur de taxi moto… Ce
n'était pas la première fois que Jose revenait de l'école et ne trouva pas sa mère
à la maison mais ce jour-là, c'était inquiétant parce qu'il ne savait pas où
elle était allée. Une pensée lui monta à la tête, il alla vérifier son
téléphone pour voir si sa mère ne l'avait pas appelé ou encore si elle ne
l'avait pas envoyé un message. Son portable était fermé, il pressa le bouton
pour le rallumer, le petit appareil s'alluma, signala qu'il était complètement
déchargé et s'éteignit par la suite. « Merde » s'exclama Jose avec
colère. Finalement, aucune personne ne pouvait subir une épreuve aussi
difficile, c'en était déjà trop. Jose réfléchit, réfléchit et réfléchit encore…
Il devait trouver quelque chose à faire. Peut-on faire quelque chose quand on a
faim? Peut-on faire n'importe quoi? Se laissant aller là dans ses réflexions,
il parlait à mi-voix, regardant pensivement la cour par la fenêtre ouverte. « Que
dois-je faire? » se dit-il. « Est-ce que je dois aller chercher de
l'eau? Non! Ah ça non! J'exagère, on ne va pas chercher de l'eau quand on a
faim... Mais oui, j'ai soif! Bon! Ça va. Laisse tomber! Pourquoi ne vais-je pas
marcher un peu? Ça pourrait bien me détendre... Non non… Suis trop fatigué. Je
ne pourrai pas. Ah, j'ai un devoir, je vais le faire. Oups! Je ne l’ai pas
recopié. D'ailleurs je ne comprenais absolument rien des explications du prof.
Ce type ne faisait que répéter des conneries. Je le déteste. Les profs pensent
qu'ils comprennent tous et que les élèves ne sont que des crétins. Ils oublient
qu'on a parfois d'autres problèmes. Bon alors, il faut que je fasse quelque
chose… OK! Puisque j'ai faim, je vais cuisiner. Un peu de riz ferait bien
l'affaire. » Tout en souriant, il se motiva mentalement pour aller
résoudre ce besoin primaire.
Sur ce, il laissa la chambre pour prendre la direction de
la cuisine. Par mégarde, il s'est frappé un pied contre la porte et a cassé ses
sandales. La douleur se faisait sentir aussi dans ses orteils.
Peut-on vraiment appeler cela une cuisine? Voyons un peu
plus près: quelque morceaux de tôle où la rouille chante à gorge déployée, deux
grands ʺplywoodsʺ, un morceau de toile,
utilisée autrefois comme rideau, pour empêcher les puissants rayons solaires du
midi, des ustensiles sans couvercle ou cassés et enfin une petite chaise basse
en bois qui n'avait même pas de dossier. Lorsque Jose se trouva au milieu de la
cuisine, il se frotta les yeux pour mieux voir. Les chaudières étaient sales,
les assiettes entassées d'une manière désordonnée, des résidus de charbons et
des cendres traînaient partout sur le sol. Jose calcula un peu... Il pourrait
commencer à nettoyer la chaudière quoiqu'il n'y avait pas de paille de fer. Il
aurait pu utiliser un peu de sable et des pailles sèches mais le plus grand
problème était l'absence de l'eau. De plus, il n'y avait pas d'ingrédients de
quoi faire une sauce. Devrait-il cuire le riz blanc? En effet, il
n'aimait pas ce genre de repas. Il se disait que le riz blanc est le manger des
"loas." Il fit quelque pas dans la petite pièce et après avoir fermé
la porte en sortant, il pénétra dans la maison en disant : « Maman
est sortie et je ne crois pas qu'elle a mangé quelque chose avant de partir…
Que vais-je laisser pour elle à son retour? » Cette question restait
sans réponse jusqu'à ce qu'il entra dans sa chambre. Il se laissa tomber par la
suite avec découragement sur son lit.
Après s'être tourné et retourné dans son lit, Jose eut
l'idée d'écouter de la musique pour diminuer son niveau de stress. La musique
l'aidera à oublier le moment d'amertume qu'il est en train de vivre. Il se leva
rapidement pour aller ouvrir le tiroir et prendre ses écouteurs (casques).
Surpris, son cœur se mit à battre la chamade, Jose regardait avec désolation
les écouteurs posés sur son livre de physique. Il n'arriva pas à y croire. Les
écouteurs étaient là mais sous une autre forme: ils étaient réduits en
plusieurs petits morceaux de filaments. Le livre aussi était rongé. Pas de
doute, ce sont les rats qui en ont fait leur part de festin. Jose n'ignorait
pas que les maisons avoisinantes abritaient pas mal de rats et de souris mais
ces animaux ne lui rendaient pas facilement visite. Tout triste, il ramassa les
petits morceaux de filaments pour les jeter par la fenêtre. Une fois encore,
Jose avait eu du regret. Lui qui adorait tellement ces écouteurs et voilà qu'au
moment où il en avait le plus besoin, ceux-ci étaient en mauvais état. Il avait
voulu pleurer et quelques gouttes de sueur coulèrent sur son front... Il se
contrôla et alla prendre le téléphone pour écouter de la musique sur le haut-parleur.
Zut! C'est lorsqu'il pressa une touche qu'il s'est souvenu que son portable
avait une batterie vide.... Décidément, ça n’allait pas.
Triste, fatigué, assoiffé, affamé, accablé, découragé et
désespéré... Il ne pouvait pas tout supporter. C'est juste un adolescent!! Il
grimpa sur son lit défait, se coucha sur le dos et regarda pensivement le
plafond d'un air morose. Il soupira longuement et sentit quelque chose lui
monter au cœur. Avait-il la nausée?
Ses joues devenaient raides et son front s'échauffa, son cœur
se serra de plus en plus, il se sentait évanoui, tremblant lentement en
bougeant ses deux bras, il avait perdu la notion du temps et de l'espace. Perte
de sa raison de vivre. Pourquoi toutes ces souffrances? Pourquoi existait-il?
Pourquoi avoir à passer par là? Des larmes roulaient sur sa joue comme une
rivière en crue. Il pleura, cria de plus en plus fort! Son oreiller devint
rapidement un linge trempé de sueurs et de larmes... Jose pleurait à fondre
larmes... Que devrait-il faire???
A suivre...
ALCINOR Arthur (Le Naturisme)
Etudiant en
Psychologie
CHC-UEHL
Jeune Penseur
|
Catégorie :
Vie
Un bateau de bisous à toi mon frère t'est destiné sous un tonnerre d'applaudisssement,emporté par une mer de congratulation et les vagues de félicitations qui déferlent non loin de l'horizon de ton avenir. À un naturisme, il y a une façon de lui dire qu'on apprécie son oeuvre . Sassoue.
RépondreSupprimerJe te remercie du plus profond de mon âme petite soeur. Merci pour avoir lu mes écrits. Ca fait plaisir et m'encourage à foncer sous les pluies des météorites de la plume et des cyclones de l'écriture. A bientôt pour la suite très chère!!
SupprimerTrès besux texte, j'adore !!
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