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[Croyez-le ou pas, certaines fois, la raison qui nous incite à pleurer est nous-mêmes. En se laissant aller par des réflexions de plus en plus pessimistes, on ne peut ne pas atteindre l'apogée de ces dernières.] _
Jose avait grand besoin de réconfort. Seul dans une maison, à bout de souffle, cherchant d'où peut venir une lueur d'espoir. Rien ne bouge en sa faveur. Du coup, il s'est laissé aller par sa faiblesse, augmentée à cause de ces sombres circonstances.
Le sommeil l'avait emporté telle une mère berçant son nouveau-né et il n'a pas su quand sa maman est rentrée. Il rêvait de quelque chose. De l'espoir peut être. Il s'est maintes fois tourné le corps et s'étirer les membres dans son sommeil. Il ronflait un peu, peut-être à cause de ses grosses narines ou à cause des pleurs et du rhume. La chaleur augmentait de fond en comble dans la chambre de Jose cette soirée. Sa mère, Josie, était en train de faire bouillir des bananes et des feuilles de "lyann panye" dans une grosse marmite posée sur un feu de bois. Elle y avait ajouté beaucoup d'eau. Il faut dormir avec le ventre plein, c'est l'un des garants qui permet de se réveiller en pleine forme le lendemain disait-on dans la culture locale. "Bwè djo bouyon pou w gen fòs!" Ensuite, un bouillon de ce genre, composé seulement de 4 bananes, il fallait mettre de l'eau en grande quantité pour que les deux personnes puissent manger à leur faim. C'est ce qu'ils appelaient un "solobab." Le nom même de la nourriture faisait penser pas plus loin que le bout du nez.
Josie était assise sur une grosse pierre dans un coin de la cuisine. Ce qui restait de la petite chaise sur laquelle elle avait l'habitude de s'asseoir était juste des joncs tissés et desséchés. Le squelette de la chaise, c'est à dire les morceaux de bois taillés, étaient maintenant sous la marmite et lançaient des flammes jaunes. Josie, une main à la mâchoire, regardait le feu en écoutant chanter les étincelles qui virevoltaient autour de la marmite. Malgré le manque d'épices, l'odeur de la cuisson faisait venir l'appétit des voisins. Ils se disaient : Voisine Josie a de l'argent aujourd'hui. Tu ne sens pas l'odeur qui vient juste de sa cuisine ? D'autres envisageaient même d'aller la rendre visite tout de suite. Mais la honte leur faisait revenir sur leurs décisions. Ils disaient aussi que la voisine Josie n'a pas toujours bonne mine ou encore elle a "move jan."
Cependant, le gamin le plus malin de la zone, Rikoko, activait de plus en plus ces neurones pour trouver une stratégie, un prétexte assidu et assez convaincant pour aller rendre visite à Josie. Cette dernière n'était pas dupe. Il ne pouvait pas s'en aller en se disant qu'il était venu rendre visite à Jose, son copain. Cela ne marchera pas car il avait trop l'habitude de donner des coups de coude à Jose lorsqu'ils jouaient dans la savane à quelques centaines de mètres du voisinage. Après avoir fait le tour de ses idées, il laissa tomber et alla faire quelque chose d'autre. Je salue l'idée stipulant que l'abandon est parfois un signe de grandeur et de jugeote.
La nourriture était prête. Josie
alla réveiller son fils. Il remarqua ses habits trempés de sueurs. Elle le
secoua fort pour qu'il revient parmi les vrais vivants. Le sommeil est le petit
frère de la mort ! Il faut se méfier de lui. Quand il battit ses paupières,
analysant les premières images, un franc sourire se dessina sur ses lèvres. Sa
mère était là et il était vachement heureux de la retrouver.
-maman,
tu es rentrée ?
-tout va
bien, on dirait que tu as mal dormi ?
-ça va.
Je m'inquiétais pour toi.
-debout, les garçons de ton âge ne restent pas longtemps au lit. Je t'ai fait un tout petit quelque chose....
Sur les traces de sa mère, Jose pénétra dans la pièce sombre. C'était le début de la soirée. Il avait grand faim. . Il prend une cuillère pour goûter à ce bouillon mais recracha vite fait le contenu : c'est la mer à boire : Trop de sel ! Comment Josie a-t-elle pu commettre une telle erreur ? Affamé, pas d'argent, et maintenant rien à manger, que doit faire Jose ?
ALCINOR
Arthur