VOYAGE DANS LA NUIT (suite)

   Je roulais des yeux et mes regards se perdaient partout. C'était impossible de remarquer quoi que ce soit de façon nette et précise. Je n’ai pas l'anatomie optique des chats pour voir la nuit. Je distinguais à peine la forme des arbres, le reflet de la lune en certains endroits et autres arbustes qui, de temps à autre, ralentissaient ma progression. Certaines fois mon imagination me jouait des tours en croyant voir devant moi un loup-garou.  Voyager dans la nuit est plutôt une question de perception en mettant un moins hardi aux côtés de la vision. On se fait des idées par rapport aux souvenirs des trucs vus le jour. Tel est le mécanisme (si je ne me trompe pas) qui assure la fonction d'orientation, de position et de reconnaissance quand on voyage dans les ténèbres, chez Madame la Noirceur. C'est un risque à prendre, OSER!




   Le silence redevient et j'ai rien remarqué d'anormal. Toutefois, après ce gros bruit, un vent violent se mit à souffler. L'image d'un danger dansa devant mes yeux: L'image d'une pluie qui a des yeux en feu; d'un tigre avec des épées sur la tête, l'image d'un serpent qui hurle; d'un ombre qui me montrait ses crocs noirs et puissants!!! Par mégarde ou par méfiance, je marchais plus rapidement sans me retourner. Je voulais maintenant une seule chose: Quitter cette forêt! Mais on dirait que personne ne voulait ma sortie de cette jungle. J'entendais maintenant des hurlements, des rugissements, des sifflements, des branches qui se cassent avec fracas. Le vent devenait de plus en plus fort. Le tonnerre se mêla de la partie!

   Au fond de moi, je ne me rappelle pas avoir signé de mes propres mains l'arrêt de ma mort. Je n’ai jamais aimé conclure des pactes avec le diable. Je transpirais maintenant à grosses gouttes. Je sentais la sueur qui coulait comme un ruisseau dans mon dos. J'avais chaud! Je n’avais rien dans la bouche mais mes dents craquaient toutes seules. Mes doigts aussi tremblaient tout seuls. Même mon pénis était devenu plus petit qu'auparavant. Oufff! Confusions, doutes, anxiétés, peurs, illusions, faiblesses, stress! Les émotions ne cessaient guère. Ils tournaient dans ma tête en mode aléatoire. Tiraillé entre mon ça, mon moi et mon surmoi. C'était insupportable. Il fallait trouver une issue et rapidement. Malgré la faiblesse qui me tenaillait les mollets, je continuais de marcher. Je me donnais du courage. J'en avais grand besoin en cet instant. Alors j'ai changé ma perception des choses: Force, puissance, motivation, volonté, ténacité! Ma marche devient plus rapide; Dieu soit loué, j'aime le sport! A force de marcher vite, je courais presque. C'est comme si maman et papa reviennent à la maison après une longue période d'absence avec gâteaux, bonbons et chocolats quand je perçois de loin la lumière de la lune dans un espace vaste et quasiment désert. L'ESPOIR se fait jour alors. C'était une savane! Essoufflé, je me sentais enfin libre d'avoir quitté la jungle pour de bon cette fois. Je me suis fait piquer sans doute car mon avant-bras saignait.

   Minuit dans la savane! Minuit dans  un désert boisé d'herbe, gazonné. La forêt était maintenant loin derrière moi. Avec un sourire astucieux, j'essayais de me détendre et d'oublier les aventures précédentes. J'avais beaucoup de mal à m'orienter pour l'instant: Nord, Sud, Ouest, Est, je me demande si citer ces mots vont rimer à quelque chose. La savane, vaste, solitaire contenait malgré elle une présence: Un vent la gardait. Un vent différent du précédent (peut être le même vent sous une autre forme). J'ai senti ce personnage plisser mon visage, caresser les poils sur mon corps. J'avais froid, j'avais aussi l'envie de rire. Mais pourquoi? Je voulais rire, rire de la nuit si belle, si douce, si parfumée... Les mots me manquent pour expliquer la bonté et l'extase d'une telle sensation. Je me suis couché sur l'herbe. Elle était humide. Mes yeux fixaient le ciel. C'était wouaw! Admirable! Les étoiles, éparpillées çà et là, comme une poignée de maïs jetée aux oiseaux de basse-cour illuminaient la nature aérienne de toute leur énergie. La lune était maintenant au beau milieu de la toile céleste. Elle était pleine! On dirait qu'elle partageait mon bonheur... J'ai cru lire sur son visage argenté et lumineux l'air sublime d'une musique souriante, sentir malgré la distance son parfum venu de l'astral purifié par l'atmosphère.  J'entendais plus d'une fois le cri d’un rapace nocturne dans le lointain. Un monde dormait, l'autre chassait! C'est ainsi la vie, c'est ainsi la nuit!

Le temps passait, et je ne l’avais pas remarqué...

   A un certain moment, les yeux fermés, un silence total: je me sentais pour une fois en vie, j'existe! Mon esprit pavanait, planait et s'envolait pour se dégourdir les membres, pour goûter à ce festin sombre mais joli. Mon cerveau a déclenché un neurotransmetteur, à coup sûr c'était de la sérotonine, la fameuse hormone du bonheur. Ce fut un instant pas comme les autres qui prend fin avec un sommeil qui m'emporta loin de ce monde réel. Nous y voici: "Entre le rêve et la réalité." Moi qui croyais que j'étais en train de rêver face à un tel spectacle, ce n’était pas le cas. Mais maintenant, je rêvais vraiment car j'avais des ailes, des yeux incandescents, un corps d'ange et même des habits maquillés d'or, de diamants et de rubis. Le tout parfumé des germes d'une plante nommée Chevalier De Nuit.

   Les moustiques sont utiles. Si l'une d'entre elles ne m'avait pas piqué, je ne serais sûrement pas réveillé à l'aurore du jour. Ai-je dormi en plein air? Je n’arrive pas à me le rappeler car j'étais maintenant dans ma chambre, sur mon lit. Les idées un peu floues. Le corps un peu ballotté. L'esprit mouvementé. Quelqu'un m'aurait-il ramené inconsciemment chez moi? Cette hypothèse, d'un point de vue personnel ne pouvait être ni confirmée, ni infirmée...

   Notre nuit n'est pas toujours la bonne quoique une dizaine de gens nous rappellent cette politesse en nous souhaitant "bonne nuit". On n'a qu'à dire "merci, je te souhaite la pareille." Cependant, dans la profondeur de notre être, les difficultés quotidiennes de la vie nous font sauter la corde à l'envers. Ce n'est pas parce que ton ami, ton petit ami, un bel inconnu, un membre de la famille ou n'importe quelle personne te souhaite une bonne nuit que tu dois penser que tu vas dormir sur tes deux oreilles. Loin de là! Le maître de ton sommeil c'est bien toi. C'est toi le capitaine de ton navire, le chauffeur de ta voiture, le pilote de ton avion. Sois un guerrier, un soldat et applique les principes clés sur le champ de bataille. C'est de cette façon que ton sommeil sera meilleur, c'est ainsi que tu voyageras bien dans la nuit pour retourner sain et sauf sur la route d'une journée bonne, agréable et parfaite.

   Alors ma famille, mes amis, mes lecteurs et lectrices il est temps pour vous de revenir sur terre. Merci de m'avoir accompagné pour ce voyage au cœur de la nuit! 

   << S'il t'arrive de ne pas pouvoir dormir la nuit, trouves-toi un truc passionné à faire en restant alité...>>

Le sommeil viendra tout seul.

Faut juste que tu y crois!

(Fin)




ALCINOR Arthur (Le Naturisme)
Jeune Penseur



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