La voix des envolés


     Je reprends cette phrase pour dire que l’avenir n’est pas certain, ce qu’un sage m’a dit quand je fis mes études secondaires, il est surtout rempli d’anxiétés et de surprises.

Les douleurs sont passées, on les a vécues, on les a subies, on les a regardées en face et certaines fois on ne peut rien y faire même si on a courageusement combattu. Le plus pénible, c’est qu’il est pitoyable de voir périssent nos frères. Malgré les ressentiments et les souvenirs des pires jours d’angoisses et de calamites, l’amour est le seul qui nous reste après avoir tout perdu.

« Vive ma volonté, c’est d’accepter de me contraindre pour embrasser ma réalité. Sinon, c’est un pouvoir que n’ai pas la plus part de mes choix. »

Voici ce que j’ai entendu dire un ami qui devrait se rendre au chili quelques jours avant son départ. C’est qu’il aurait voulu d’autres choses pour sa vie, mais ce qui est important, après avoir discerné les choses et après avoir vu en perspective, c’est de faire un « choix qui ne le lui laisse pas vraiment le choix ».

Comment ?

Dans la vie, ce que nous aimerions vivre en réalité n’est autre qu’un fruit de la pensée et reste seulement dans le monde imaginaire. Peu de nous, les hommes, sait en matérialiser nos pensées. C’est qu’après avoir terminé ses études classiques, il avait le désir de se préparer pour entamer une étude universitaire en vue d’avoir une carrière professionnelle. Normalement, il a grandi avec son petit frère, sa grande sœur et sa mère qui était une commerçante, n’ayant pas vraiment assez de temps pour prendre en soins comme cela devrait se faire à cause de ces lourdes préoccupations pour leur éducation et leur pain quotidien. On peut même oser dire qu’il est un autodidacte. Son père lui, il ne les nie pas. Mais bien sûr, vous savez mieux que moi, que lorsque les parents sont séparés ce sont les enfants qui en payent le prix. Car l’instabilité familiale reste et demeure l’une des causes majeures de la souffrance et des troubles dans la vie des enfants. Combien d’entre eux sont échoués, ne réussissant pas leurs vies à cause qu’ils n’ont pas eu même un tuteur ?
Quoique vous puissiez répondre, rares sont ceux qui se sont élevés par eux-mêmes qui réussissent à marquer la différence. Mais ce jeune-homme avait un rêve. Un rêve qui l’effrayait parce que pour lui cela dépassait sa capacité.

Etant donné qu’il n’est pas seul à être sous la responsabilité de sa mère, sa sœur qui entamait déjà les études universitaires, son petit frère qui prépare son baccalauréat et une petite sœur qui est la benjamine de la famille. Donc ! Pour une mère, surtout en Haïti, c’est une lourde charge. Alors, comme en ce temps-là, il était plus facile de se jeter au chili, où l’on a pu constater un départ massif des jeunes haïtiens qui s’aventuraient pour une meilleure vie. Sa mère lui imposait d’y aller, car c’est le moins qu’elle puisse faire en guise d’un dernier support financier et que le reste est entre ses mains. Quel soulagement pour sa mère ! Mais aussi, quelle sensation pour lui qui ne sait même pas de quoi avoir l’air là-bas ! C’est cette même raison précitée qui favorise en grande partie ce phénomène qu’on aura à subir les conséquences tôt ou tard. Et c’est logique qu’ils partent dans cette circonstance, car leur condition de vie est tout à fait déplorable. Combien de vous, bacheliers, pouvez franchir les seuils d’une université ? Et d’ailleurs, combien mis à votre disposition ? Si ce n’est que des institutions privées qui nous accueillent, malgré elles nous égorgent à cause de leur avidité qui, chaque année, augmentent leur prix sans aucune raison; à cause de leur nonchalance, de la faiblesse dans leur performance, etc.

Comment comprenez-vous que le nombre d’étudiant pouvant recevoir les universités d’état est cinquante fois plus petit que ce qui en a besoin ? En effet, ceci n’est pas une donnée statistique définie, mais c’est une estimation de la réalité des bacheliers finissants haïtiens.



Donc, avant il n’avait qu’à accepter. Toute démarche nécessaire pour sa migration a été prise en considération. Très confus après avoir profondément réfléchi car il ne voyait pas un avenir meilleur dans une aventure pareille. Il a décidé de se faire comprendre, ce qui va compromette sa relation avec sa mère en refusant poliment la requête. Ce qui est paru hardiment cruel pour elle. On sait qu’il y a dans la vie des gens dégoutants avec du mérite, et pourtant, il y en a d’autres qui plaisent avec des défauts. Avec cette vision, c’est comme une gifle pour sa mère et qui va lui laisser prendre ses responsabilités.

Voyons ! Quelle sensation de laisser son pays, sa famille, son enfant et ceux qu’on a grandi avec, un bon jour qu’on décidé de partir. Dans une route incertaine pour soi et pour assurer la quiétude des gens sous nos responsabilités. Emprunter l’incertain pour assurer, quel paradoxe !
Qui n’aurait pas aimé de vivre pleinement sa vie dans son pays natal, aux côtés des gens avec qui partageant une même coutume ? Avec qui serait-on aisé autres que des gens qui partagent nos souffrances, nos douleurs, notre histoire et toute nos mœurs ?

Vous pouvez toujours avoir votre opinion mais sachez bien qu’on peut s’accommoder à une mode de vie d’une autre société, mais jamais associer deux cultures différentes. C’est comme cohabiter deux mondes différents. Beaucoup d’eux se plaignent et meurent de nostalgie, voulant revivre dans leur pays. Mais, revenir à laquelle condition qui va de mal en pis. C’est frustrant et même déplorable ! En effet, voyez par vous-même dans quelle condition vivent nos frères et sœurs qui sont ailleurs, ayant toutes l’âme patriotique et des gens qui leurs sont chers qui vivent dans une peur bleue journalière.

Nous savons tous que le peuple Haïtien a le courage, le dévouement et le sentiment du travail. On nous vante surtout de ces qualités qu’on en a déjà assez prouvées au monde entier et c’est une ressource qui se gaspille. Et bien plus encore, nous savons que le travail éloigne des gens de trois grands vices, à savoir l’ennuie, le vol et l’oisiveté. Donc, eux ils n’ont pas fuir. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’autres. Mais, ils cherchent de quoi à soutenir les plus faibles en travaillant. Pour une fois, je suis d’avis de ce dicton qui dit que «la fortune nous corrige de plusieurs défauts que la raison ne saurait corriger ».

En réalité, la plus part de ce qui restent savent se battre pour se nourrir. Comme ceux qui cherchent ou qui ont, ou encore qui espèrent du travail. Mais, on a la mauvaise tendance de se montrer beaucoup plus important à ce qu’on ne veut pas qu’à ce de préférence que l’on veut.

C’est pourquoi le haïtien passe les trois quart de sa vie à combattre plutôt qu’à construire. Cette idée de ‘‘ kouman nou ye ? N’ap goumen’’ lui fait croire qu’il est dans une lutte perpétuelle avec sa propre vie.

Et qu’arrivent-ils aux autres ? Ce que les parents se montrent prudents à ce qu’il n’arrive aux enfants… ils se regroupent en BAZZ, le plus souvent, pour se détendre, faisant les dernières audiences, tout en buvant du Whisky, passant du Grog ou du clairin (22 22), fumant du n’importe quoi. Ainsi fait presque tous les jours ! Mais on sait ce qu’a fait un verre d’alcool par jour à nos oncles ou à nos grands-pères ivrognes. Mais l’important n’est pas ce que l’on a fait de nous, a dit Jean Paul Sartre, mais ce qu’on a fait de nous-mêmes. En fait, la voix des envolés ne traduit pas seulement la condition de ceux qui laissent le pays en vue de rechercher une amélioration possible à leurs vies, mais aussi la voix des évadés, ceux qui se sentent absents des activités essentiellement productives au changement rêvé et tant espéré. Surtout qui s’efforcent de se créer des activités qui les détruiront moralement en les attribuant des noms qui les rabaissent aux yeux de la société, leur faisant croire qu’ils ne valent rien. Sauf bien sûr pour des vilaines raisons politiques.


Kedj Ricky Fleuricourt
Jeune Penseur

            

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